Je n'aime de l'histoire que les anecdotes , déclarait Prosper Mérimée (1803-1870). À découvrir la vie de cet autre enfant du siècle, il semble pourtant malaisé de séparer la première des secondes. La myriade d'aventures du père de Carmen, qui inspira le célèbre opéra du même nom, le lie intimement à tous les personnages et événements marquants de son temps. Tour à tour écrivain de génie, inspecteur général pour la protection des monuments historiques, prisonnier à la Conciergerie, académicien français, séducteur sans pareil, sénateur à 50 ans, et confident avisé des grand(e)s du siècle, Prosper Mérimée offre au lecteur une place de choix pour contempler ce fascinant XIXe siècle. Ainsi, lire Mérimée, c'est voyager au côté des auteurs les plus marquants de la littérature du siècle, Stendhal, George Sand et Victor Hugo pour ne citer qu'eux. Suivre Mérimée, c'est être engagé au plus près de l'intimité du second Empire. Fréquenter Mérimée, c'est tout connaître de Paris, de ses salons et de ses intrigues. Voyager avec Mérimée, c'est partir pour la province et les monuments qu'il a la charge de sauver de la décrépitude. Vezelay, Saintes ou encore Orange en seront à jamais changés. Partir avec Mérimée, c'est visiter l'Europe, qui subit la secousse des guerres et des révolutions. L'année 1870 sonnera le glas des destins parallèles de l'empire et de cet homme admirable. La guerre ferme une fois pour toutes la parenthèse impériale. Mérimée décède peu après dans l'indifférence quasi générale. L'auteur de La Vénus de l'Ille et de Colomba mérite pourtant un autre sort que celui que lui réserveront la modernité et l'oubli qui lui est associé.